La Chasse

« Il y a des ténèbres qu’aucun soleil ne peut dissiper. »

Sous le halo de la pleine lune, un cerf surgit de la forêt. L’animal a des yeux humains. Ce n’est pas une bête sauvage qui a été chassée dans les forêts de l’Ariège…

Dans ce thriller implacable au final renversant, Bernard Minier s’empare des dérives de notre époque. Manipulations, violences, règlements de comptes, un roman d’une actualité brûlante sur les sentiers de la peur.

Une enquête où Martin Servaz joue son honneur autant que sa peau.

Maître du thriller, Bernard Minier a été en 2020, avec son précédent roman, La Vallée, l’auteur de polars le plus lu en France. Il est traduit et salué dans le monde entier. La Chasse est son neuvième roman.


Édition collector, Noël 2021

BANDE-ANNONCE

La presse en parle

« Attention, La Chasse est une fiction qui vous plongera plus que jamais dans la réalité. »
Christelle Ben, La Voix du Nord

« Une nouvelle enquête du commandant Servaz. Glaçante. »
Jean-Christian Hay, Gala

« Quand on commence un de ses livres, on ne le lâche plus. »
BFM

« Avec ce dernier thriller, l’écrivain confirme ses ambitions de déplacer le curseur vers le roman noir, de société. Bien sûr, son polar reste terriblement efficace et se lit d’une traite mais, dès les premières pages, il nous plonge dans les dérives de notre époque. »
Sandrine Bajos, Le Parisien

« Le nouveau roman glaçant de Bernard Minier »
Florence Pitard, Ouest-France

« Dès les premières lignes, la scène d’ouverture pose les jalons d’un récit qui s’annonce haletant… »
Hugo Charpentier, France Bleu

« Montée en tension éprouvante dans le pays et pour Servaz ; plongée dans une enquête qui relèvera aussi du sauvetage intime »
Christelle Ben, La Voix du Nord

 « Bernard Minier frappe un grand coup en mixant une formidable intrigue policière, un télescopage de l’actualité et des questions de société. Un coup de maître et un retour dans des Pyrénées ensanglantées pour son personnage fétiche. »
Sébastien Dubos, Midi le magazine

« La première scène du neuvième roman de Bernard Minier, La Chasse, plonge directement le lecteur dans l’ambiance. Celle du mystère. »
Lionel Lasserre, La Dépêche du Midi

« [Bernard Minier] nous embarqu[e] dans chaque histoire de [ses] romans incorruptibles mais surtout indispensables. »
Hélène Mannarino – Culture Médias, Europe 1

« Bernard Minier s’est définitivement imposé comme l’un des géants du genre en France avec son enquêteur fétiche, le commandant Servaz qui va avoir fort à faire une nouvelle fois dans La Chasse. (…) Passionnant ! Une nouvelle fois une grande réussite ! »
Bernard Lehut – Les livres ont la parole, RTL

Les lecteurs en parlent

« Le lecteur qui accourt vers La Chasse aura parfois l’impression qu’on pointe un fusil sur ses valeurs. De quoi pousser à la réflexion autant qu’être pris par cette intrigue émotionnellement forte. Bernard Minier est décidément un maître du thriller habile, captivant et clairvoyant. »
Yvan, du blog Gruznamur

« Encore une fois, aucunement déçue par M Minier. Un vrai plaisir à lire ! C’est une lecture captivante, haletante et qui nous happe totalement. C’est plein de mystères et de rebondissements aussi. (…) Outre toute cette intrigue bien ficelée, le roman pointe aussi les dysfonctionnements de la société et tout ce qu’elle peut avoir de plus noire, tout ce qu’elle a de violence, de haine et d’injustice. Malgré tout cela, l’espoir est là, l’amour et l’humanité aussi. C’est magistral, une vraie réussite ! »
Emilie, du compte @bookofemilysbea

Interview de l'auteur

Découvrez l’interview vidéo de Bernard Minier

Votre thriller commence par une scène hallucinante, au sens propre du terme : une forme qui surgit de la forêt, qui pourrait être un cerf mais qui a les yeux d’un humain… Est-ce une manière, dans cette nouvelle histoire, de donner toute sa part au mystère ?

Ce prologue, pour tout dire, est fidèle à ce que j’aime faire quand je commence une histoire, c’est une sorte de rituel, de liturgie : une scène qui d’emblée saisit le lecteur à la gorge, le plonge la tête la première dans quelque chose d’à la fois très angoissant et très mystérieux, une façon de lui faire comprendre que ça va secouer, que je ne vais pas lui laisser le temps de souffler, une façon de lui dire : « Accroche-toi, c’est parti pour le grand huit émotionnel. »

Jamais, sans doute, vous n’avez autant mis en scène les dérives de l’époque, du discrédit de l’autorité − et de la police en particulier − au repli identitaire, du complotisme au racisme ordinaire. L’époque vous inquiète-elle à ce point ?

C’était une tendance déjà amorcée avec M, le bord de l’abîme et La Vallée : de plus en plus, j’ai envie de parler de l’époque, de la société dans laquelle on vit, et surtout de ses dérives, des grands périls qui la menacent, mais d’une manière aussi palpitante et addictive que possible. Ce qui m’inquiète, c’est que nous sommes à un an d’une échéance électorale et que la société n’a jamais été aussi divisée, déchirée, violente… On est entrés dans une culture de l’affrontement systémique. Des franges de plus en plus importantes de la population ne croient plus à rien, n’ont plus de repères. Elles sombrent dans le complotisme, la haine de l’autre, le dégagisme… Il y a aussi la question de la relation entre la police et le système judicaire, et même celle de la relation entre la démocratie et le système judiciaire. Il y a les tentatives de la part de groupes criminels de faire de ce pays un narco-État – avec toutes les violences et la corruption que ça suppose : rien qu’à Toulouse, il y a eu trente-deux règlements de comptes mortels en deux ans. Et puis, il y a la question du racisme. Peut-on dire oui ou non que la police, la société française sont racistes ? À toutes ces questions, je n’apporte pas de réponse définitive mais des éléments d’analyse concrets : des faits, des réalités – parfois sidérantes –, des données réelles, des témoignages qui le sont tout autant. Ces temps-ci, chaque fois que j’allume la télé, je tombe sur une info qui fait écho à ce qui se passe dans le roman, c’est incroyable ! J’intègre bien sûr tout ça à une histoire que j’espère passionnante. Mais, de ce point de vue-là, je ne m’inquiète pas trop : je ne pense pas qu’on s’ennuie en lisant La Chasse.

Dans cette enquête, Servaz joue autant son honneur que sa peau. Va-t-on assister à des règlements de comptes dans son propre milieu ?

Oui. Et, plus globalement, c’est un des grands thèmes du livre : l’état de la police aujourd’hui. On sait tous que les forces de l’ordre sont à bout, épuisées, dépassées par les défis qui se présentent, par l’ampleur colossale de la tâche, par le manque de moyens, déprimées aussi, parfois même suicidaires. Et Servaz va être amené à enquêter sur ses collègues. C’est le meilleur moyen de se faire des ennemis au sein de la maison, alors que tout le monde est déjà à cran. Comme il le dit lui-même : « Quoi qu’il arrive, cette enquête va nous péter à la gueule. » Qu’il incrimine des policiers ou qu’il les innocente, il se fera des ennemis, dans un camp ou dans l’autre et peut-être bien dans les deux…

Sans tout dévoiler de l’intrigue, le thème du justicier est omniprésent dans votre roman. Est-ce le reflet de ce que vous observez dans la vie réelle ?

On voit bien que la justice elle-même est impuissante face à certains phénomènes : la délinquance des mineurs (dont il est beaucoup question dans le livre) par exemple, la mainmise des trafiquants sur certains quartiers, la corruption, etc. Dans ces conditions, la tentation va être grande pour certains de faire justice eux-mêmes ou de renverser des gouvernements pourtant démocratiquement élus. Que ce soit dans la population, dans la police, parmi les juges ou bien dans l’armée : il est aussi question dans le livre de certaines opérations de l’armée française en Afrique. Que des groupes secrets, clandestins, se forment un jour pour pallier la faiblesse des institutions en matière de sécurité et de justice, c’est presque une évidence, ça nous pend au nez : alors que j’allais à la pêche aux infos, j’ai appris avec stupeur que certains se préparent déjà, se réunissent et s’arment pour le jour où ça va péter. Et je ne parle pas de quelques survivalistes farfelus…

Vous venez de dire qu’on est entrés dans une culture de l’affrontement systémique. Vous pensez vraiment que la société française est de plus en plus violente ?

Le nombre d’homicides est passé de 914 en 2014 à 1 219 en 2019, quant aux tentatives d’homicides elles sont passées de 1 175 en 2000 à presque 3 000 en 2019 ! Et tout le monde sait que l’année 2020, avec les confinements et les couvre-feux, a fait exploser les violences domestiques, les règlements de comptes, les bagarres mortelles. Le taux d’homicide est deux fois plus élevé dans ce pays qu’il ne l’est chez nos voisins allemand, espagnol et même italien – n’en déplaise à la série Gomorra.

On connaît le soin que vous mettez à installer votre histoire dans une géographie précise. Pourquoi cette exigence ? Et comment définiriez-vous votre univers, vous qui semblez autant aimer l’architecture que les grands espaces ?

De fait, depuis l’enfance et la préadolescence, j’aime les fictions qui comportent une carte et un territoire. Quand j’avais entre dix et douze ans, c’était L’Île au trésor, L’Île mystérieuse, plus tard la Terre du Milieu… Mon premier roman, Glacé, était ancré dans un territoire certes imaginaire mais très précisément défini et dessiné dans mon esprit – à l’époque j’ai d’ailleurs failli joindre une carte, je l’ai finalement fait plus tard, avec celle de Glass Island au début d’Une Putain d’histoire – et c’était la même chose dans mon roman précédent, La Vallée : les alentours d’Aiguesvives y sont assez précisément décrits. Ici, c’est un peu moins le cas : j’ai choisi l’Ariège, un département d’une beauté terrassante mais très peu peuplé (songez que la plus grande ville du département compte à peine 15 000 habitants) ; ça se passe aussi beaucoup à Toulouse, dans le centre et dans les quartiers populaires de l’ouest de la ville. Toulouse dont j’aime l’architecture – il y a de remarquables hôtels particuliers : la description du portail des Lantenois m’a été inspirée par celui de l’hôtel Molinier, réalisé en 1556, et leur cour intérieure par l’hôtel de Brucelles et l’hôtel de Bernuy, aujourd’hui collège Pierre-de-Fermat. J’ai une écriture assez visuelle, cinématographique : j’ai toujours besoin d’un décor, d’une géographie pour avancer. J’aime soigner les détails, les avoir en tête même s’ils n’apparaissent pas dans le livre : j’ai coutume de dire qu’un roman est un iceberg ; il y a la partie émergée, ce que lit le lecteur, et la partie immergée – celle que le lecteur ne voit pas mais qui est là et que l’auteur connaît. J’ai aussi l’habitude de dire que je suis à la fois le metteur en scène, le directeur de la photo, le décorateur, le producteur, et que j’ai un budget illimité, ça aide…

Dans La Chasse, il y a un personnage qui se détache immédiatement, c’est Esther Kopelman, la journaliste à La Garonne, ce journal qui ressemble un peu à La Dépêche du Midi.

Esther Kopelman, c’est un personnage que j’ai adoré faire vivre – et je pense qu’on la reverra. C’est une synthèse de plusieurs personnes que j’ai connues, avec une touche finale d’imagination car, comme le dit Nabokov, tout travail littéraire est d’abord création d’un monde nouveau. Elle a un fichu caractère, elle fume comme un pompier et, physiquement, elle est une sorte de Nougaro au féminin : un petit taureau. De lui, elle a aussi la gouaille et elle « aime la castagne », pour faire modestement écho à cet immense poète. Elle est effectivement journaliste d’enquête à La Garonne, un journal installé dans des locaux beaucoup plus petits que ceux de La Dépêche, que j’ai eu la chance de visiter. Je signale, même si ça n’a rien à voir, qu’il a vraiment existé un journal baptisé La Garonne à Toulouse, entre 1938 et 1944. Esther, c’est une fouineuse hors pair, une travailleuse acharnée, qui ne supporte ni le dilettantisme ni les approximations. On voit bien qu’à l’heure d’Internet et de l’info instantanée et non vérifiée, la presse continue d’avoir – a peut-être plus que jamais – un rôle de contre-pouvoir et de pare-feu à exercer, un rôle essentiel dans l’établissement d’une information sérieuse, étayée, dans l’analyse et dans la recherche de la vérité. Mark Twain disait déjà qu’un « mensonge a le temps de faire le tour de la Terre le temps que la vérité mette ses chaussures ». Aujourd’hui, à l’heure des réseaux sociaux, du complotisme et des fake news, cette affirmation est encore plus vraie et on a plus que jamais besoin d’une presse d’investigation et d’opinion solide, de journalistes ayant l’expérience et la formation requises pour distinguer le vrai du faux, pour tracer un chemin de lumière dans le maquis des contre-vérités. Tout comme on a plus que jamais besoin de cet esprit du roman qui est à l’opposé de la simplification partout à l’œuvre, qui ne réduit pas les choses à un aspect trop primaire, mais qui respecte au contraire la vie, le caractère des personnages dans toute leur complexité.

Un mot, peut-être, de Martin Servaz, ce familier de milliers de lecteurs qui prend de l’âge comme tout le monde mais semble aussi gagner en sérénité. L’écrivain, lui aussi, évolue-t-il dans son écriture, ses choix, son quotidien d’auteur ?

Vous voulez dire : qui prend de l’âge comme l’auteur ? Ben oui, je viens d’avoir soixante ans, Martin en a huit de moins, il en avait quarante dans Glacé, quand l’aventure a commencé… Forcément, il change. Le grand changement depuis La Vallée, c’est qu’il n’est plus ce loup solitaire et efflanqué : il a désormais une compagne, Léa, qui est pédiatre au pôle enfants d’un hôpital toulousain, et qui lui apporte force et équilibre, car c’est une personne équilibrée, forte, intelligente, empathique. Mais, évidemment, dans le roman, les choses ne vont pas se passer comme prévu. Là aussi, la situation va dégénérer. Et puis, il y a Gustav, son fils, qu’Hirtmann lui a confié dans Nuit, et qui grandit. Quant à l’auteur, je n’aime pas trop parler de moi. Dans les salons et les festivals, les lecteurs me demandent toujours comment va Servaz, pas comment je vais. Et ça me fait énormément plaisir. Car je constate qu’ils le voient comme une personne vivante, non comme un personnage de papier. Quelle plus belle récompense pour celui qui a créé un personnage que de le voir prendre vie, lui échapper et entrer dans l’existence de ses lecteurs, leur devenir familier ? Sans doute parce qu’ils se reconnaissent en lui, parce qu’il n’est pas un cliché ou un simple faire-valoir de l’intrigue, mais quelqu’un de plus complexe qui pourrait être un ami, un cousin, un oncle, un voisin, un proche… Il n’y a rien de plus gratifiant. Pour parler de moi, disons que oui, mes routines ont quelque peu changé, je doute moins, je suis plus efficace, plus direct, plus sûr de moi, mais j’écris toujours sept jours sur sept.

Avec votre précédent roman, La Vallée, vous êtes entré dans le club très sélect des dix écrivains français les plus lus. Le vivez-vous comme une récompense ? Un accomplissement ?

Frédéric Soulié, ça vous dit quelque chose ? Ce gars était en son temps plus célèbre que Balzac et Dumas… Et Georges William MacArthur Reynolds, l’écrivain le plus populaire de son époque, qui vendait plus de livres que Dickens ? Et Victor Margueritte, auteur de La Garçonne, énorme succès de 1922, adapté quatre fois au cinéma puis à la télé ? Tous oubliés… Tout le monde a des rêves. Le mien était de vivre de ma plume, c’est chose faite. Et ce dont je n’aurais jamais osé rêver, c’est d’être lu dans le monde entier, d’avoir des lecteurs sur les cinq continents. Ce dont je rêve aujourd’hui, c’est de pouvoir aller de nouveau à leur rencontre : de Wroclaw à Medellín, de Prague au Cap, de Madrid à Mar del Plata, de Francfort à Bratislava, comme je le faisais avant. Le reste, ma foi…

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